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ESSAI SUR L’HOMME.

cette harmonie céleste qui nous charme dans les vers d’Esther et d’Athalie.

Va, cours avec Platon ou ses disciples vains.


Il semble que Pope, en parlant des disciples de Platon, ait voulu désigner Malebranche, quoiqu’il ne l’ait pas nommé, comme je l’ai fait. Le presque divin Malebranche, a dit M. de Buffon, est le simulacre de Platon en philosophie. La métaphysique de l’auteur de la Recherche de la Vérité est sans doute pleine d’erreurs ; mais ces erreurs sont brillantes : d’ailleurs le quatrième volume renferme des vérités importantes. Les philosophes de nos jours ont souvent copié cet ouvrage, sans le citer une seule fois. Ce qui doit surtout rendre Malebranche précieux aux gens de lettres, c’est son style, qui réunit à la fois la concision et la clarté, l’éclat et le naturel. Malebranche est plein d’imagination, et cependant il ne prodigue point les figures ; il évite également l’abus des métaphores ou celui des termes abstraits. Il est peu de nos écrivains en prose qui ne tombent aujourd’hui dans l’un ou l’autre de ces excès.

Lorsque les habitants des palais éternels.


Voltaire a précisément retourné cette image dans sa belle épître sur la philosophie de Newton :

Confidents du Très-Haut, Substances éternelles,
Qui brûlez de ses feux, qui couvrez de vos ailes
Le trône où votre Maitre est assis parmi vous,
Parlez ! du grand Newton n’étiez-vous point jaloux ?


On admire avec raison dans cette épître plusieurs traits de poésie descriptive, d’une expression plus neuve et plus hardie que ne l’est ordinairement celle de Voltaire dans les ouvrages du genre noble.