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NOTES


DE LA DEUXIÈME ÉPÎTRE.




Connais-toi : laisse à Dieu les secrets qu’il veut taire.


Cette peinture de l’homme a de l’éclat et de la rapidité. Tous les moralistes ont répété ces idées jusqu’au dégoût. Pope et Pascal se sont approprié ce lieu commun par les beautés qu’ils ont su y répandre. Racine fils reste bien au-dessous d’eux :

Ver impur de la terre, et roi de l’univers,
Riche et vide de biens, libre et chargé de fers,
Je ne suis que mensonge, erreur, incertitude,
Et de la vérité je fais ma seule étude.


J’aurais dû peut-être ajouter Racine fils, dans le Discours préliminaire, aux poëtes que j’ai comparés à l’auteur de l’Essai sur l’Homme. Le plan du poëme de la Religion est sage, mais triste : la diction en est souvent élégante, et, dans sa faiblesse même, elle conserve de la douceur et de la pureté. Si Racine fils mérite beaucoup d’éloges comme versificateur, il manque aussi des qualités qui font le grand poëte, la verve et l’imagination ; il n’a point aperçu toutes les ressources de son sujet, qui, malgré sa sévérité, pouvait lui fournir de riches tableaux. On ne trouve pas moins dans son ouvrage des détails précieux par le style. Les beautés même sont nombreuses dans les deux premiers chants, qui contiennent les preuves de l’existence de Dieu et de l’immortalité de l’âme : on croit entendre plus d’une fois les sons affaiblis de