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ESSAI SUR L’HOMME.

enrichir le style, loin de le dénaturer. Je me souviens qu’un homme de lettres me soutint un jour que l’expression de grand tout, qui se retrouve assez souvent dans les poëtes de ce siècle, était inconnue à ceux du siècle dernier. Je lui répondis par ce vers de Racine, qui dit dans un de ses hymnes, en s’adressant à Dieu :

A créé ce grandÔ toi, dont la puissance
A créé ce grand tout, soutenu par tes mains !


Si du plan le plus sage, en méditant ses lois, etc.


Il faut surtout méditer ce raisonnement : c’est un de ceux qui font la base du système expliqué dans l’Essai sur l’Homme.

Son chien, fidèle ami, l’accompagne à jamais, etc.


On a loué Voltaire d’avoir peint le chien, dans la Henriade, par une périphrase assez vague, qui pourrait convenir au cheval ; je ne vois pas le motif de cet éloge. Racine a placé le mot chien dans Athalie de la manière la plus noble, et l’a répété trois fois. La véritable création est de faire entrer dans le langage poétique les termes familiers, qu’une fausse délicatesse veut en exclure sans blesser, comme de raison, l’harmonie et l’élégance.

Pourquoi les feux du ciel brillent-ils ? et pourquoi, etc.


Voltaire a visiblement imité cet endroit :

L’homme vint, et cria : Je suis puissant et sage.
Cieux, terres, éléments, tout est pour mon usage.
L’océan fut formé pour porter mes vaisseaux, etc.