Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


NOTES


DE LA PREMIÈRE ÉPITRE.




Réveille-toi, milord, etc.


Ma juste admiration pour Pope ne m’aveugle point sur ses défauts. J’avoue que ce commencement de l’Essai sur l’Homme m’a toujours paru très défectueux. Ces figures accumulées, où l’homme est tour à tour un labyrinthe, un jardin, un champ, un désert, manquent de goût, de précision et de clarté. Ce défaut est très commun dans Lucain, dans Young, dans Ovide : Virgile, Racine et Boileau n’y tombent jamais. Je sais que Voltaire se permet de revêtir la même idée de plusieurs métaphores, comme dans le Discours sur le Plaisir :

Je ne conclus donc pas, orateur dangereux,
Qu’il faut lâcher la bride aux passions humaines.
De ce coursier fougueux je veux tenir les rênes.
Je veux que ce torrent, par un heureux secours,
Sans inonder mes champs, les abreuve en son cours.
Vents, épurez les airs, et soufflez sans tempêtes !
Soleil, sans nous bruler, marche et luis sur nos têtes !


Mais ces images sont si justes et si naturelles, ces vers ont tant de grâce et d’harmonie, et le mouvement des deux derniers est si beau, que la critique la plus sévère doit être désarmée.

Les vers de Pope sont d’autant plus répréhensibles, qu’il les a placés dans le début de son poëme. Pourquoi n’annonce-t-il pas, en commençant, les quatre divisions de l’Essai sur l’Homme,