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PRÉFACE

DE L’ÉDITION DE 1822.


Plus de trente ans s’étaient écoulés entre la première publication de l’Essai sur l’Homme, traduit par M. de Fontanes, et la nouvelle édition, ou plutôt le nouvel ouvrage que notre illustre ami allait faire paraitre sous le même titre, au moment où il fut enlevé aux lettres par une perte si soudaine et si déplorable. Dans ce long intervalle, entraîné d’abord par les malheurs publics, victime lui-même d’une persécution noblement méritée, conduit plus tard dans l’embarras des affaires, chef habile et attentif de cette Université à laquelle il donna tant de splendeur, M. de Fontanes avait négligé un travail de sa jeunesse, une production toute littéraire, qui semblait appartenir presque à un autre siècle. Sans compter en effet cette direction nouvelle de toutes les idées qui suit de longs troubles politiques, trente années, espace si grand de la vie, suffisent toujours pour voir changer et se modifier les opinions et le goût du public.

Lorsque M. de Fontanes commença d’écrire, la littérature même frivole excitait encore un intérêt très vif. Un poème, une traduction en vers sortie d’une main célèbre était un événement. L’Essai sur l’Homme de Pope jouissait d’ailleurs à cette époque d’une imposante et vieille renommée, et passait, avec assez peu de fondement, pour un ouvrage d’une grande