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ESSAI SUR L’HOMME.



ÉPÎTRE I.




 Réveille-toi, Milord ; ne livre plus les jours
À tous ces graves riens qui tourmentent les cours ;
Laisse aux clients des rois leur superbe esclavage.
Ah ! si l’être pensant n’a qu’un jour en partage,
Et vers le but fatal se hâtant de courir,
Ne peut qu’autour de soi regarder et mourir,
Que l’homme occupe au moins ce jour à se connaître,
L’homme, dédale immense, et régulier peut-être ;
Jardin où trop souvent brillent des fruits trompeurs,
Sol fécond et mêlé de ronces et de fleurs.

 Viens : de ce vaste champ parcourons l’étendue ;
Cherchons tout ce qu’il cache ou découvre à la vue.
Marquons, en l’éclairant, sages observateurs,
Ses abîmes profonds, ses sublimes hauteurs ;
Que l’homme, en m’écoutant, s’élève et s’humilie ;
Montrons-lui sa faiblesse, abaissons sa folie ;
Et, faisant taire enfin un orgueil criminel,
Osons justifier les lois de l’Éternel.

 Quels objets ! l’homme et Dieu ! comment saisir leur être ?