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ŒUVRES DE FONTANES.

Plein de ce jour d’affreuse mémoire, et qui jette aujourd’hui sur vous un intérêt si touchant, je n’ai point rappelé, Monsieur, tant d’autres titres qui vous recommandaient, avant cette époque, à l’estime de vos concitoyens. J’aurais pu dire que deux barreaux célèbres vous comptaient depuis longtemps au nombre de leurs premiers orateurs. J’aurais pu ajouter que dès votre jeunesse, un juste enthousiasme vous conduisit près du vieillard de Ferney, et que ce grand homme encourageait votre goût éclairé pour les lettres et pour la poésie. Mais l’éclat des lettres s’efface devant celui de la vertu. Votre plus bel éloge est dans ce testament simple et sublime où, déjà détaché de la terre, et presque dans les cieux, Louis vous a légué ses bénédictions et sa reconnaissance. Plus auguste en ce moment que sur le trône même, il vous communiqua, de son lit de mort, je ne sais quoi de sacré. Votre souvenir désormais s’associera dans les siècles les plus reculés à celui du meilleur et du plus infortuné des rois.

L’Académie française, en reprenant la forme et les statuts que lui donnèrent les rois, enfants d’Henri IV, s’est empressée d’accueillir le défenseur de la royauté. Votre place était marquée, Monsieur, dans ce sanctuaire des lettres où s’asseyait jadis cet illustre et vertueux Malesherbes dont votre présence me rappelle involontairement la mémoire. Ce jour annonce que les bonnes doctrines en tout genre vont se rétablir. les mouvements doux et réguliers d’une monarchie paternelle donneront au talent la sécurité dont il a besoin. L’orateur ne mettra plus de restriction secrète