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DISCOURS

l’attachement lui était connu. Ainsi, peu content de léguer sa renommée à la postérité, il eut l’ambition plus douce de vivre dans le cœur de ses amis.

Sa Boucle de Cheveux enlevée atteste sa galanterie et les grâces de son imagination ; mais il ne faut pas la comparer au Lutrin, ce chef-d’œuvre de la versification française. Pope semble avoir manqué de cette invention qui conduit la machine d’un poème ou une action dramatique : il a laissé une comédie indigne de lui.

L’épitre d’Héloïse est assez connue par la version de Colardeau, qui n’a pas égale l’original, quoiqu’il ait mis dans ses vers la mélodie la plus douce et le sentiment le plus aimable. Cette épître est peut-être supérieure à toutes les héroïdes de l’ingénieux Ovide : il est vrai que l’antiquité ne pouvait lui fournir ce spectacle si touchant des combats de la religion et de l’amour. Les personnages de la mythologie, dont il fait parler les feintes douleurs, sont bien froids auprès d’Héloïse. Toutes les illusions poétiques qui les environnent ne peuvent égaler le charme attaché au souvenir de cette femme célèbre, qui nous a transmis, dans des lettres authentiques, sa tendresse et ses infortunes : jamais l’ivresse de l’amour ne fut mieux peinte que dans ces lettres et dans les belles pages de la Nouvelle Héloïse. Aussi n’est-il point d’amant, né avec quelque imagination, qui ne donne à sa maîtresse le nom d’Héloïse ou de Julie.

Les églogues sur les quatre saisons ne sont que de faibles copies de Théocrite et de Virgile. Le poëme