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ŒUVRES DE FONTANES.

fois Quintilien, car ces déclamations ne sont pas nouvelles ; mais, ajoutait-il, ces mœurs ne se prennent pas toujours dans les institutions publiques, objet de tant d’outrages ; elles y sont quelquefois apportées par la jeunesse qu’on nous confie. »

M. Ducis eut à cet égard des avantages dont il se félicita toute sa vie. Formé longtemps à la vertu par les auteurs de ses jours, plein des graves doctrines qu’il avait puisées dans leurs entretiens, il n’entra dans le monde que lorsqu’il était sur de lui-même. Il ne heurta point les opinions qui l’environnaient, mais il garda la sienne, et n’en fut que plus sage et plus heureux.

Le dix-huitième siècle, en finissant, s’étonna de voir tout à coup sortir de la foule un écrivain dont il ignorait le nom, et qui sut obtenir une prompte célébrité sans intrigues et sans cabale. Par une singularité plus remarquable encore, cet écrivain était religieux, et pourtant il se destinait au théâtre. Je sais que la piété de Corneille et de Racine était égale à leur génie ; mais de tous les exemples laissés par ces deux grands hommes, celui-là peut-être était le plus oublié.

La nature destinait M. Ducis à peindre les passions fortes. Ce caractère s’annonça par le modèle dont il fit choix. Le génie de Shakspeare se rendit le maître du sien.

On dit que, sur d’âpres montagnes et dans des forêts sauvages, il était autrefois des autres magiques où le trépied, s’agitant de lui-même, communiquait