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RÉPONSE DE M. DE FONTANES,


CHANCELIER DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE,


AU DISCOURS DE M. DESÈZE,


Le 25 août 1816.




Monsieur,


Un talent original et quelquefois sublime, des vertus simples et modestes, qui rendent le talent plus respectable et plus cher quand elles se réunissent avec lui, tels sont les deux traits principaux sous lesquels se présente à notre admiration et à nos regrets le poëte illustre dont vous avez peint le caractère et jugé les ouvrages. Que peut ajouter ma faible voix au noble et touchant hommage qu’il a déjà reçu de vous ? Quand je vais parler encore de lui, j’ai besoin de me rassurer par tout l’intérêt qui s’attache à son nom. J’ose à peine revenir sur un sujet dont votre éloquence avant moi vient d’épuiser toute la richesse.

M. Ducis parut assez tard dans la carrière où ses succès ont jeté tant d’éclat. Il avait trente-six ans quand son premier essai tragique annonça que la scène française aurait un poëte de plus. Soit que l’époque de ses débuts littéraires ait été retardée par les circonstances de sa vie ou par ses propres réflexions, c’est peut-être à cette heureuse lenteur qu’il a dû l’é-