Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/398

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
395
DISCOURS.

où les vrais principes sont corrompus est-il dans un état plus favorable que le siècle où les vrais principes sont ignorés ? On peut diriger, adoucir, perfectionner la sève d’un arbre sauvage et robuste, impatient de croître et de se multiplier ; mais, s’il a dégénéré par le temps et par les mauvaises cultures, il est difficile de corriger les vices dont il a pris l’habitude, et de retarder l’épuisement qui le menace.

Quand l’Académie française reparaît, on peut donc trouver quelque rapport entre l’époque de sa naissance et celle de sa régénération. Il n’est aucun de vous, Messieurs, qui n’achève le parallèle, en voyant à la tête de cette compagnie littéraire un digne descendant du grand ministre qui la fonda. Ce nom glorieux rappelle à tous les souvenirs le génie qui raffermit les empires, et qui dissipe les factions ; il ne s’attache pas avec moins d’éclat aux progrès, au maintien de cette langue française, dont l’usage universel a peut-être aidé plus d’un fois, dans les autres cabinets, notre influence politique. La France a repris courage. Elle se confie au nom de Richelieu, à ce nom qui fut d’abord si grand parmi les hommes d’État, si respecté parmi les gens de lettres, et qui, depuis, se fit remarquer par cette valeur brillante et ces grâces aimables tant célébrées, et sur les remparts de Mahon, et dans les cercles de Paris. Il semble enfin qu’avec ce nom, d’heureux présage, vont reparaître à la fois tous les traits du caractère national.

L’élégance et la pureté du langage ne sont point inutiles à ce renouvellement du caractère français.