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ŒUVRES DE FONTANES.

En vers heureux et d’un tour agréable
Ne suffit pas.


De meilleurs juges que moi, vos rivaux eux-mêmes, ont avoué qu’à ce mérite, qui n’est pas vulgaire, vous avez su joindre

De l’intérêt, du comique, une fable.

Marchez d’un pas ferme et sûr dans la carrière où votre début est si glorieux ; justifiez par de nouveaux succès nos espérances et votre précoce renommée.

Jeune encore, c’est en homme déjà mûr que vous avez parlé de votre art dans le discours que cette assemblée vient d’entendre et d’applaudir. L’art de la comédie vous paraît sans limites. C’est ainsi que doit juger l’enthousiasme, et l’enthousiasme sied à la jeunesse. Vous observez très bien que chaque génération apporte de nouvelles nuances à nos travers ; qu’elle en varie les expressions, et peut fournir, à chaque époque, des couleurs différentes. Mais d’autres rapports dans les caractères sont-ils des caractères nouveaux ? Croyez-vous, par exemple, que l’avare, le prodigue, le joueur, ne soient pas aujourd’hui ce qu’ils étaient autrefois ? Tartufe sans doute n’est pas dévot ; Tartufe est trop adroit pour choisir des rôles où l’on ne gagne plus rien. Il prend un autre déguisement ; mais il est toujours l’hypocrite. Les masques changent, et non les passions : ceux qui ont exprimé les premiers traits de la nature n’ont-ils pas quelque avantage sur ceux qui n’en pourraient plus saisir que