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DISCOURS.

jour il préparait l’organisation de ses collèges électoraux. J’étais présent. Quelques-uns de ses conseillers intimes lui disaient que son plan n’était pas sans danger, que les propriétés importantes restaient encore dans la main des premiers possesseurs, qu’enfin le choix des six cents plus imposés dans chaque département ramènerait, tôt ou tard, les partisans de l’ancienne monarchie. Peut être avaient-ils raison. Il ne fut point ébranlé par leurs arguments. Voici sa réponse ; d’autres l’ont entendue, et je n’y change pas un mot : « Ces hommes-là, dites-vous, sont grands propriétaires : ils ne veulent donc pas que le sol tremble. C’est leur intérêt et le mien. » J’ose demander si ceux qu’il appelait de préférence à la formation de ses collèges électoraux, doivent trouver moins de faveur sous cette antique dynastie pour laquelle ils ont tant de fois sacrifié leur sang et leur patrimoine ?

À la suite de la propriété territoriale, la banque, le négoce et l’industrie ont sans doute une importance que je suis loin de méconnaître. Les chambres de commerce et les villes manufacturières auraient donc aussi leurs délégués spéciaux.

L’agriculture et le commerce ne sont pas les seuls besoins de la société. La vie du corps politique, si je puis m’exprimer ainsi, n’est pas toute matérielle. Il existe aussi par les doctrines dont se composent l’esprit et les mœurs des nations. Tout ce qui est compris dans le domaine des sciences et des lettres, tout ce qui forme, en un mot, les croyances et la morale