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DISCOURS.

puiserait point le trésor de l’État. La chambre élective, dans cette supposition, recevrait les choix du ministre, et non ceux des départements.

Je vais plus loin, et je dis qu’une masse de petits propriétaires n’offre que peu d’obstacles à l’action du despotisme, quand il a de l’esprit et de la prévoyance. Le plus grand nombre des électeurs, on vous l’a prouvé, ne paie que de 5 à 700 francs. Il est, dans chaque canton, des hommes qui mènent la foule. Ces hommes doivent être connus de l’autorité. Est-il impossible de séduire avec du crédit, de la puissance et de l’intrigue ? Les talents sont rares, j’en conviens, mais celui de l’intrigue n’a pas tout à fait disparu. Elle suffit seule, dans l’état actuel, pour s’emparer du système des élections.

On ne fonde point des institutions libres et durables avec un rassemblement d’hommes pris au hasard, qui n’ont aucun lien commun, et qui ne sont en rapport qu’une fois tous les cinq ans. Les docteurs du siècle, un niveau dans la main, cherchent l’égalité de tous les droits dans l’abaissement de toutes les supériorités sociales ; mais ils se trompent. C’est dans ces supériorités diverses fondées sur la richesse, sur l”éducation et sur les lumières, c’est dans l’esprit de corps. c’est dans les principes assurés que donnent les positions indépendantes, c’est, en un mot, dans toutes les forces de résistance dont ils veulent se débarrasser, c’est là, et non ailleurs, qu’ils trouveront les plus fermes appuis de la liberté. On peut leur prédire que s’ils triomphent, ils ne recueillerons de leurs