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DISCOURS.

mières aux nobles aveux des ministres eux-mêmes. Qu’on se rappelle en effet ce cri d’alarme répété dans tous les journaux, quand on lit l’essai du nouveau système. Alors on invoquait grands cris le secours des mêmes hommes, accusés naguère dans cette enceinte d’être en pleine révolte contre l’opinion publique. On ne les trouvait pas alors trop exclusifs. On leur demandait avec instance des élections monarchiques. Leur honneur n’a pas balancé. Quelle est aujourd’hui leur récompense ?

À la fin de l’année dernière, le président du premier collège électoral de France se plaignait que trois mille électeurs au moins ne répondaient pas à ses exhortations. N’avons-nous pas vu des émissaires parcourir, à cette époque, toutes les campagnes voisines. pour encourager le zèle ou réveiller l’indifférence ? J’ai fait comme les autres, j’ai demandé le nom choisi, je l’ai jeté dans l’urne, et je n’ai point voulu croire ce que tout le monde répétait autour de moi, c’est-à-dire, que le ministère n’acceptait ce nom que pour en écarter un autre plus redoutable.

À Dieu ne plaise que je veuille élever le moindre soupçon sur aucun de ceux que les collèges électoraux ont nommés dans les formes prescrites. La chambre des pairs respecte les prérogatives de l’autre chambre. Elles ne manqueront jamais aux égards qu’elles se doivent l’une à l’autre. D’ailleurs, les craintes ministérielles sont peut-être exagérées. Tous ces calculs fais l’avance sur les minorités rebelles ou sur les majorités soumises, sont sujets à beaucoup de mécomptes.