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ŒUVRES DE FONTANES.

tion foncière. Mais, puisqu’il faut le dire, et sans que je m’explique davantage, l’autorité pouvait mettre à profit l’extension donnée, sur cet article, au texte même de la Charte qu’on pouvait expliquer dans un sens plus rigoureux. Ce qu’il y a de plus essentiel aux sociétés, dans tous les temps, c’est un pouvoir suprême et conservateur. Il est surtout nécessaire à la vieillesse de ces grandes sociétés qu’établirent avec tant d’efforts la religion, la politique et le temps, et que la raison moderne veut refaire en un jour, avec une audace toujours si malheureuse et toujours si confiante. Si une main sage et forte ne soutient pas leur décadence, elles croulent de toutes parts entre les traditions passées dont le souvenir s’efface, et les institutions récentes qu’une longue habitude peut seule consacrer.

Dans de telles circonstances, tout ce qui peut fortifier le pouvoir est salutaire. Quelques moyens d’influence étaient donnés aux ministres ; ils pouvaient sagement les employer au maintien de l’autorité royale, sans inconvénient pour les libertés publiques. L’histoire atteste, et trop d’exemples ont prouvé, que les ministres, en général, soutiennent mieux les droits du prince que ceux du peuple. Les nôtres sont à l’abri de ce reproche.

Les espérances que plusieurs avaient conçues ont été trompées. Je conviens avec franchise que les premiers adversaires de la loi des élections avaient mieux prévu ses résultats. Mais ce n’est point leur opinion qui a changé la mienne. Je dois mes nouvelles lu-