OPINION
Messieurs,
J’ai voté la loi sur les collèges électoraux. Les considérations qui me l’ont fait adopter n’étaient pas conformes, je l’avoue, à celles qui semblaient déterminer ses plus zélés partisans. Je crus voir d’assez habiles combinaisons dans cette loi nouvelle. En laissant une part légitime et nécessaire à la démocratie, on n’en confiait l’action toujours un peu turbulente qu’à cent mille électeurs privilégiés, sur une masse de vingt-sept à vingt-huit millions d’habitants. C’était quelque chose aux yeux des amis de l’ordre et de la paix, dont la mémoire était encore effrayée du tumulte de ces assemblées primaires où toutes les doctrines de l’anarchie soulevaient avec tant de fureur les plus viles passions de la multitude.
Je sais bien que dans la discussion préliminaire sur la Charte constitutionnelle, où j’eus l’honneur d’être appelé, on voulait d’abord n’attacher le droit d’élection qu’à trois cents francs payés en contribu-