Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/360

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


OPINION


DE M. LE MARQUIS DE FONTANES,


PRONONCÉE À LA CHAMBRE DES PAIRS


Dans la séance du 2 mars 1819.




Messieurs,


J’ai voté la loi sur les collèges électoraux. Les considérations qui me l’ont fait adopter n’étaient pas conformes, je l’avoue, à celles qui semblaient déterminer ses plus zélés partisans. Je crus voir d’assez habiles combinaisons dans cette loi nouvelle. En laissant une part légitime et nécessaire à la démocratie, on n’en confiait l’action toujours un peu turbulente qu’à cent mille électeurs privilégiés, sur une masse de vingt-sept à vingt-huit millions d’habitants. C’était quelque chose aux yeux des amis de l’ordre et de la paix, dont la mémoire était encore effrayée du tumulte de ces assemblées primaires où toutes les doctrines de l’anarchie soulevaient avec tant de fureur les plus viles passions de la multitude.

Je sais bien que dans la discussion préliminaire sur la Charte constitutionnelle, où j’eus l’honneur d’être appelé, on voulait d’abord n’attacher le droit d’élection qu’à trois cents francs payés en contribu-