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ŒUVRES DE FONTANES.

elle-même, sa prédilection pour l’antiquité des doctrines politiques.

Elle s’honore même des ménagements nécessaires qu’elle a dû garder pour l’intérêt de la génération naissante ; et, sans insulter ce qui vient de disparaître, elle accueille avec enthousiasme ce qui nous est rendu.

Et combien la tâche qui lui est imposée devient aujourd’hui plus facile ! Pour inspirer les mœurs et les vertus, elle les montrera sur le trône. Le Dieu qu’annonça Bossuet, en déplorant les malheurs, jusqu’alors inouïs, d’une fille et d’une petite fille de Henri IV, le Dieu de nos pères semble déjà nous parler avec une nouvelle puissance, quand nous voyons, au pied de ses autels, cette auguste princesse qui, dans un âge plus tendre, éprouva les mêmes malheurs. La religion est sûre de son triomphe, quand les enfants de saint Louis abaissent devant elle un diadème révéré depuis neuf cents ans.

Ces bienfaits nous sont communs avec toute la France. Il en est d’autres, moins importants sans doute, qui ont aussi quelque intérêt, et qui nous sont particuliers.

Lorsqu’un empire s’étend au-delà des limites qui lui furent assignées par la nature, il reçoit dans son sein des populations nouvelles qui lui apportent d’autres langues et d’autres mœurs. L’esprit qui l’a fondé, l’esprit qui le conservait, se dénature et s’affaiblit ; car le sentiment de la patrie ne peut avoir de force que dans un territoire sagement circonscrit, où toutes les