Avant sa renaissance, on avait tenté tous les plans d’éducation. Tant d’efforts infructueux n’avaient point épuisé la manie des systèmes. C’est toujours au bruit de la chute des empires que les imaginations déréglées s’occupent à régénérer le monde. C’est sur des ruines et des tombeaux qu’elles proclament un nouvel art d’instruire et de gouverner les hommes. Les siècles ont vu, plus d’une fois, se renouveler cette maladie de l’esprit humain qui tourmente les sociétés de je ne sais quel rêve de perfection, au moment même de leur décadence.
L’Université n’a point livré l’instruction au danger de ces fausses théories. Elle a marché dans les anciennes voies, qui sont les plus sûres ; elle a voulu qu’on enseignât aux enfants ce qu’on enseignait à leurs ancêtres.
Resserrée dans ses fonctions modestes, elle n’avait point le droit de juger les actes politiques ; mais les vraies notions du juste et de l’injuste étaient déposées dans ces ouvrages immortels dont elle interprétait les maximes. Quand le caractère et les sentiments français pouvaient s’altérer de plus en plus, par un mélange étranger, elle faisait lire les auteurs qui les rappellent avec le plus de grâce et d’énergie. L’auteur du Télémaque et Massillon prêchaient éloquemment ce qu’elle était obligée de taire devant le génie des conquêtes, impatient de tout perdre et de se perdre lui-même dans l’excès de sa propre ambition. En rétablissant ainsi l’antiquité des doctrines littéraires, elle a fait assez voir, non sans quelque péril pour