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ŒUVRES DE FONTANES.

phes paisibles qui ne sont jamais suivis que des bénédictions du genre humain.

La législation et les finances, c’est là que se renferment nos devoirs, et c’est de vous que nous avons reçu ce double bienfait.

Il vous fut donné de retrouver l’ordre social sous les débris d’un vaste empire, et de rétablir la fortune de l’État au milieu des ravages de la guerre. Vous avez créé, comme tout le reste, les vrais éléments du système des finances. Ce système, le plus propre aux grandes monarchies, est simple et fixe comme le principe qui les gouverne. Il n’est point soutenu par ces moyens artificiels qui ont toute l’inconstance de l’opinion et des événements. Il est impérissable comme les richesses de notre sol.

Si quelquefois des circonstances difficiles nécessitent des taxes nouvelles, ces taxes, toujours proportionnées aux besoins, n’en excédent pas la durée. L’avenir n’est pas dévoré d’avance. On ne verra plus, après des années de gloire, l’État succomber sous le poids de la dette publique, et la banqueroute, suivie des révolutions, entrouvrir un abime où se perdent les trônes et la société tout entière.

Ces malheurs sont loin de nous. Les recettes couvrent les dépenses. Les charges actuelles ne seront point augmentées, et vous en donnez l’assurance, au moment où d’autres États épuisent toutes leurs ressources. Quand vous immolez votre propre bonheur, celui du peuple occupe seul toute votre âme. Elle s’est émue à l’aspect de la grande famille (c’est ainsi