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ŒUVRES DE FONTANES.

et du fond de ses ruines s’élève un cri contre ses alliés, qui le livrent, en fuyant, au juste courroux d’un vainqueur qu’indigne la foi violée.

Malheur à moi, si je foulais aux pieds la grandeur abattue ! Plus j’ai de plaisir à contempler tous ces rayons de gloire qui descendent sur le berceau d’une dynastie nouvelle, moins je veux insulter aux derniers moments des dynasties mourantes. Je respecte la majesté royale jusque dans ses humiliations, et, même quand elle n’est plus, il reste je ne sais quoi de vénérable dans ses débris. Mais l’histoire est pleine de ces grandes catastrophes : partout la force et l’habileté saisissent les sceptres que laissent tomber la faiblesse et l’imprudence ; et, si ces nouveaux jeux de la fortune font couler les larmes des rois, celles des peuples seront au moins essuyées. Oui, cette ville, que les volcans dont elle est voisine agitèrent moins que ses révolutions politiques, va respirer sous un gouvernement paternel.

La France lui fait un don inestimable, en lui envoyant un prince qui montra toutes les vertus privées dans la retraite, toutes les lumières et tous les talents dans les négociations, à la tête des conseils, dans les assemblées du sénat, et qui, dès qu’il a paru sur le théâtre de la guerre, a prouvé que l’héroïsme est un apanage de son nom. Il va donner au plus beau pays de l’Europe des mœurs nouvelles. Il y secondera la nature qui à tout fait pour y rendre les hommes heureux. Il régnera, et les bénédictions de ses sujets légitimeront tous ses droits ; car j’aime à le dire en fi-