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DISCOURS.

Voilà ce qu’il est rare de trouver dans la vie des conquérants, et voilà ce que les députés du peuple aiment à louer dans leur Monarque. Redisons-le à nos ennemis du haut de cette tribune ; il est aussi propre aux vertus pacifiques qu’aux vertus guerrières. S’il était bien connu d’eux, s’ils entendaient surtout leurs véritables intérêts, le traité qui désarmera l’Europe serait bientôt conclu. Pourquoi veulent-ils éternellement provoquer à la guerre celui qui en possède tous les secrets ? Eux-mêmes, par leurs attaques inconsidérées, fortifient sa puissance ; c’est à l’aide de leurs faux calculs que s’est élevé l’édifice toujours croissant de sa fortune et de ses hautes destinées. Plus ils prétendront resserrer ses frontières, et plus il les agrandira. Leurs vaisseaux à la vérité voyagent sur toutes les mers ; mais il les repousse de tous ses ports, et pour armer contre eux tous les rivages, il renferme peu à peu des mers dans les limites de son vaste Empire ! Ah ! puissent-ils enfin permettre à ce courage invincible de s’arrêter lui-même où la nature des choses et l’intérêt de l’avenir doivent lui indiquer les bornes de sa domination naturelle ! Qu’ils ne le forcent point d’enfanter encore une de ces pensées par qui change le sort des Empires ; ils ont assez senti son ascendant, et sans doute ils ne voudront plus qu’il leur prépare, comme dans les champs de Marengo ou d’Austerlitz, une de ces journées fécondes en changements pour plus d’un siècle.

Je trouve, dans cette cérémonie même, tout ce qui confirme ces grandes vérités : le trône de Naples tombe,