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DISCOURS.

Les illusions antiques ont disparu : mais en a-t-il besoin celui qu’appelle notre choix ? Il compte à peine trente-quatre ans, et déjà les événements de sa vie sont plus merveilleux que les fables dont on entoura le berceau des anciennes dynasties.

La victoire et la volonté nationale ne peuvent trouver de résistance. Ces changements extraordinaires ne sont pas nouveaux. C’est au bruit des trônes qui tombent, se relèvent, et doivent tomber encore, que les générations méditent sur l’inconstance des choses humaines. Les vieux empires se renouvellent dans ces crises salutaires, et le chef d’une autre dynastie semble leur communiquer le mouvement de son âme et la vigueur de ses desseins.

N’en doutons point, une longue carrière de prospérité et de gloire s’ouvre encore pour nos descendants. Le dix-neuvième siècle, en commençant, donne à l’univers le plus grand spectacle et la plus mémorable leçon. Il consacre le principe de l’hérédité et de l’unité pour le bien de la France, dont il finit la révolution, et pour l’exemple de l’Europe, dont il prévient les erreurs.

L’esprit humain, travaillé de la pire de toutes les maladies, je veux dire celle de la perfection, a voulu faire d’autres hommes, une autre société, un autre monde. Mais bientôt, épouvanté de tout ce qu’il a produit, et las de tant d’efforts, il est venu se remettre à la suite de l’expérience et sous l’autorité des siècles.

C’est au moment qu’il reconnaît ses limites, que l’esprit humain s’est véritablement agrandi ; c’est au-