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DISCOURS.

Les travaux des jurisconsultes qu’il rassembla autour de lui ont plus fait pour sa gloire que les triomphes de Bélisaire et de Narsès. Il n’avait pu, durant sa longue vie, dompter les nations barbares ; ses lois les soumirent après sa mort. L’empire romain s’écroula de toutes parts ; mais du milieu de ses ruines sortit, avec le code de Justinien, un esprit d’ordre et de sagesse, qui, en rétablissant les familles, prépara l’organisation des sociétés modernes.

La France était naguère semblable à l’Empire envahi par les Barbares. Ils n’étaient point cette fois accourus d’une contrée sauvage ; ils étaient nés au milieu de nous de l’excès de notre corruption. Toutes les volontés de l’anarchie étaient des lois ; et, pour me servir de l’expression énergique d’un historien de l’antiquité, nous étions alors plus opprimés par nos lois que par nos vices mêmes[1].

Enfin un homme paraît, et tout est changé. La science et la sagesse entrent dans les conseils ; les disputes orageuses finissent ; les mûres discussions commencent ; les vieux oracles de la sagesse humaine sont consultés de nouveau ; le génie de Rome parle encore à des interprètes dignes de lui ; l’esprit antique et l’esprit moderne se perfectionnent en s’unissant : l’un fait sans peine le sacrifice de quelques préjugés ; l’autre rougit enfin de ses premières imprévoyances et les répare.

Si ce grand ouvrage offre encore quelques imper-

  1. Tacite.