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SUR CORNEILLE ET RACINE[1].




« Ce ne sont pas, dit M. de La Harpe, les troubles de la Fronde qui ont fait faire à Corneille Cinna et les Horaces, et ce serait borner étrangement le talent d’un homme tel que Racine, de prétendre qu’il n’a fait que la tragédie de la cour de Louis XIV. »

Les troubles de la Fronde n’eurent aucun effet, sans doute, sur le génie de Corneille, puisqu’il avait publié le Cid, les Horaces, Cinna, Polyeucte, avant ces émeutes des bourgeois de Paris, dirigées par leur archevêque contre un cardinal italien. Mais Corneille était né en 1606, sous le règne de Henri IV : il put converser avec les témoins et les acteurs des plus tragiques événements de notre histoire, avec ces vieux guerriers, compagnons d’armes du bon Roi, avec les anciens ligueurs, dont la clémence et la victoire avaient triomphé ; il vit les restes de cette génération guerrière, et théologienne à la fois, nourrie dans le tumulte des armes et dans les disputes de l’école. Plusieurs capitaines de ce temps-là ne manquaient point d’instruction : ils lisaient Plutarque sous la tente ; ils rappelaient quelquefois, par leur simplicité héroïque, les plus grands personnages de la Grèce et de Rome. Corneille avait déjà trente-cinq ans lorsque Sully mourut : ce Sully,

  1. Ces pages sont tirées du second article sur le Cours de Littérature de La Harpe.