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ŒUVRES DE FONTANES.

que précisément il trouva dans ce sujet plusieurs des ressources de l’oraison funèbre, et qu’il y a même imité, plus d’une fois, les formes de Bossuet et de Fléchíer, comme dans le morceau suivant :

« Les vastes palais de Fontainebleau ont été baignés de larmes ; on arrache la famille royale à un séjour désolé. On fuit ! ces palais immenses deviennent déserts, et la mort seule l’habite ; mais tous les cœurs restent attachés à cet appartement funèbre ! ils errent autour de ce lit de mort ; et, fixés près d’une vaine cendre, redemandent au Ciel ce qui n’est plus. Quel retour ! Presque jusqu’au dernier moment on avait espéré. On revoit ces chemins par où il avait passé, où la douce espérance le soutenait encore. La nouvelle arrive à Paris. En un instant elle est répandue dans les maisons, dans les places publiques ; il est mort ; à ce mot, qui de nous n’a été attendri ?… »


Il est malheureux que ce passage rappelle un peu trop ce fameux mouvement : Ô nuit désastreuse ! Ô nuit effrayante, où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette effrayante nouvelle ! Madame se meurt, Madame est morte ! Qui de nous ne se sentit frappé, à ce coup, comme si quelque tragique accident avait désolé sa famille ? On voit du moins qu’en se rapprochant des orateurs d’un autre siècle, l’âme de Thomas était plus doucement émue, et que son style acquérait plus de souplesse, plus d’onction et de facilité.

Sa réputation s’établit très vite, mais elle ne fut pas épargnée par la critique. Il sentit que, par de nouveaux efforts, il devait enfin la confondre, et justifier ses admirateurs. C’est alors qu’il fit l’éloge de Marc-Aurèle, où toutes ses beautés se fortifièrent, et où disparurent presque tous ses défauts. L’homme le plus digne d’apprécier ce chef-d’œuvre de Thomas a