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ŒUVRES DE FONTANES.

regardés comme le chef-d’œuvre d’un art terrible et profond. Toujours ferme, toujours inébranlable, elle s’avance à pas lents, elle vomit des feux continuels ; elle porte partout la destruction. Trois fois nos guerriers attaquent ce rempart d’airain, trois fois ils sont forcés de reculer. L’ennemi pousse des cris de victoire, le destin de l’armée chancelle, la nation tremble pour son roi. Maurice voit des ressources où l’armée entière n’en voit plus. Il recueille toutes les forces de son âme. Une triple attaque est formée sur un nouveau plan, la colonne rompue : la France se rassure, et Louis est vainqueur. Ô Maurice ! puisque tu n’es plus, permets qu’un citoyen obscur, mais sensible, s’adresse à ta cendre : reçois pour ce bienfait les hommages de mes concitoyens et les miens ; la postérité te doit son admiration ; mais nous, nous te devons un sentiment plus tendre, nous devons chérir et adorer ta mémoire. »


Ce morceau manque d’effet et de force, toutes les phrases en sont coupées de la même manière. Il commence par une apostrophe aux champs de Fontenoi, et finit par une apostrophe au comte de Saxe. Rien n’est plus froid et plus monotone.

Ah ! ce n’est pas ainsi que Bossuet décrit la bataille de Rocroi. Il vous transporte au milieu du combat. Il fait passer dans ses expressions tout le feu de la guerre, et toute l’âme de Condé.

« ……Les deux généraux et les deux armées semblent avoir voulu se renfermer dans des bois et des marais, pour décider leur querelle, comme deux braves en champ clos. Alors que ne vit-on pas ? Le jeune prince parut un autre homme. Touché d’un si digne objet, sa grande âme se déclara tout entière, son courage croissait avec les périls, et ses lumières avec son ardeur. À la nuit qu’il fallut passer en présence des ennemis, comme un vigilant capitaine. Il reposa le dernier ; mais jamais il ne reposa plus paisiblement. À la veille d’un si grand jour, et dès la première bataille, il est tranquille, tant il se trouve dans son naturel ; et on sait que le lendemain, à l’heure marquée, il fallut réveiller ce nouvel Alexandre. Le voyez-vous comme il vole ou à la victoire ou à la mort ? Aussitôt qu’il