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SUR THOMAS.

étaient susceptibles du ton le plus oratoire. On pouvait y produire quelques-uns des effets retracés plus haut. L’éloge du maréchal de Saxe, par exemple, fut proposé peu d’années après sa mort, et presque sous les yeux des témoins de ses exploits. Le monarque avait, le premier, honoré la cendre de son défenseur. Il avait donné l’ordre à Pigal de représenter sur le marbre, et les triomphes du héros, et la douleur de la France. Les humiliations éprouvées à Rosbach donnaient un nouveau lustre à la journée de Fontenoi. Cette dernière victoire, qui avait inspiré les chants de toutes les muses françaises, occupait encore la renommée. C’était la plus belle époque militaire du dix huitième siècle, avant que la valeur française, surpassant tous les prodiges du temps passé, reculât les limites de notre patrie jusqu’à celles des anciennes Gaules. L’éloquence pouvait aisément se déployer dans la description de la bataille de Fontenoi. Il me semble que l’imagination de l’orateur est bien moins riche que le sujet.

« Champs de Fontenoi ! s’écrie-t-il, vous allez décider cette grande querelle ! C’est dans cet espace qu’est renfermée la destinée de quatre empires !.... Tout s’ébranle : ces grands corps se heurtent. Maurice, tranquille au milieu de l’agitation, observe tous les mouvements, distribue des secours, donne des ordres, répare les malheurs, sa tête est aussi libre que dans le calme de la santé. Il brave doublement la mort : il fait porter dans tous les lieux où l’on combat ce corps faible qui semble renaître....... C’est de ce corps mourant que partent ces regards perçants et rapides qui règlent, changent ou suspendent les événements, et font les destins de cent mille hommes. La fortune combat pour nos ennemis. Un hasard utile a formé cette colonne dont les effets ont été