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DU GÉNIE DU CHRISTIANISME.

dément par la roue des chars rustiques, n’est-elle pas d’une grande vérité ? N’aime-t-on pas ces voix inconnues qui s’élèvent dans le silence des bois, et qui semblent être celles des génies ministres de la fécondité ? Ne rêve-t-on pas délicieusement à la voix de ce rossignol qui chante les beaux jours, non loin des vieillards qui regardent un tombeau ? Je ne crois pas qu’on attribue ces jugements aux illusions de l’amitié. J’en appelle à tous ceux qui, ayant reçu plus de lumière que moi, voudront examiner sans aucun esprit de secte et de prévention.

Nous avons abandonné la marche de l’auteur, pour admirer ses beautés : il faut la reprendre et la suivre jusqu’au bout.

Si la religion est auguste et touchante dans ses mystères et dans ses cérémonies, elle l’est bien plus encore dans les dévouements magnanimes et dans les vertus extraordinaires qu’elle inspire. C’est là que le sujet donne de nouvelles forces à la voix de l’auteur ; il peint la religion occupée à placer, en quelque sorte, sur toutes les routes du malheur, des sentinelles vigilantes, pour l’épier et le secourir. Ici la sœur hospitalière veille aux besoins du soldat mourant. Ici la sœur grise cherche l’infortune dans les réduits les plus secrets. Non loin, les sœurs de la miséricorde reçoivent dans leurs bras la fille prostituée, avec des paroles qui lui laissent le repentir, et lui permettent l’espérance. La piété fonde les hospices, dote les collèges, dirige avec gloire tous les travaux de l’éducation, protège dans les monastères les arts qui fuient devant