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PRÉLIMINAIRE.

vrent leur impuissance. L’auteur peut jeter, à travers les descriptions et les préceptes, quelques scènes dramatiques, en inventant d’heureux épisodes, en personnifiant des êtres inanimés, en se plaçant lui-même avec réserve au milieu de ces tableaux. Quoique ce genre d’ouvrage n’exige pas les grandes créations nécessaires à l’épopée et à la tragédie, c’est peut-être celui de tous qui demande le plus de perfection dans le talent. On ne saurait le bien traiter qu’à cet âge où l’expérience et le travail ont fécondé les dons de la nature, où l’on peut étendre et ramasser ses forces à son gré, où l’on domine enfin tout son génie. Cependant Pope a commencé sa carrière par un poème didactique du premier ordre, l’Essai sur la Critique, qu’il fit paraitre à vingt-cinq ans. Il approfondissait dans la jeunesse les principes du goût, et destinait à l’âge mûr l’étude de la morale : noble et digne emploi de la vie ! Cet homme illustre a nourri son âme de tout ce qu’il y a de bon et de beau ; il ne s’est presque occupé qu’à peindre le charme des arts et de la vertu.

Nous avons vu que l’homme est né pour la société. Quel genre de bonheur peut-il y trouver ? C’est le sujet de la quatrième épître.

Dieu est juste : il doit avoir préparé un bonheur égal pour tous les individus. Les dignités, les talents, les richesses diffèrent ; ce n’est donc point dans ces avantages extérieurs qu’il est placé ; il doit se trouver au dedans de nous et dans la seule vertu.

Ce fond ne présente peut-être, au premier coup