Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
216
ŒUVRES DE FONTANES.

Tantôt l’auteur remonte à l’antiquité des fêtes chrétiennes ; tantôt il peint leur caractère sublime ou tendre, joyeux ou funèbre, consolant ou terrible, qui se varie avec toutes les scènes de l’année et de la vie humaine auxquelles il est approprié. Il suit les solennités religieuses dans la ville et dans les champs, dans les cathédrales fameuses et dans l’église rustique, sur les tombes de marbre qui remplissent Westminster ou Saint-Denis, et sur le gazon qui couvre les sépultures du hameau.

Les rites du christianisme sont souvent tournés en ridicule, et ceux du paganisme, au contraire, inspirent le plus vif enthousiasme. Cependant les plus belles cérémonies de l’antiquité se conservent encore dans notre religion, qui les a seulement dirigées vers une fin plus digne de l’homme. Tel est, par exemple, le jour des Rogations.

Ce jour rappelle absolument la fête de l’antique Cérès, qui rassemble, dit-on, les premiers hommes en société, autour de la première moisson. Tibulle a décrit en vers charmants cette pompe champêtre, comme elle existait chez les Romains. On trouve aussi la même description dans le Génie du Christianisme. Les gens de goût ne seront peut-être pas fâchés de comparer quelques traits des deux tableaux, et de juger ainsi l’esprit de deux cultes, séparés par dix-huit siècles.

Tibulle invite d’abord Cérès et Bacchus à ceindre leurs fronts d’épis dorés et de grappes rougies. Il veut que les champs reposent avec le laboureur :