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ŒUVRES DE FONTANES.

On voit par ces paroles combien étaient religieux tous ces graves esprits de l’antiquité. L’action de la Providence leur paraissait marquée dans tous les mouvements des empires, et surtout dans l’âme des héros. « Tout ce qui domine et excelle en quelque chose, disait un autre de leurs sages, est d’origine céleste[1]. » Le rétablissement du culte national leur eût paru l’affaire la plus importante de l’État. Ce même Plutarque déjà cité nous apprend, dans la vie de Solon, que ce grand législateur appela près de lui le célèbre Épiménide, qui avait la réputation d’entretenir commerce avec les Dieux. Les discordes, civiles et la peste avaient ravagé la ville d’Athènes : Épiménide la purifia par des sacrifices expiatoires, et ce ne fut qu’après la célébration des fêtes ordonnées, que le peuple respecta les lois de Solon.

Cette sagesse religieuse, qui fut celle des plus beaux siècles dont s’honore l’esprit humain, n’a paru de nos jours qu’une méprisable superstition à des esprits inattentifs ou médiocres. Ils ne savent pas, sous les formes du culte extérieur, pénétrer le fond des vérités éternelles qui maintiennent l’ordre de la société. Mais leur politique étroite et fausse n’est déjà plus, et les maximes des temps héroïques renaissent sous l’influence d’un guerrier et d’un législateur digne d’eux.

On accueillera donc avec un intérêt universel le jeune écrivain qui ose rétablir l’autorité des ancêtres

  1. Vie d’Alexandre, par Plutarque.