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DU GÉNIE DU CHRISTIANISME.

dernes est sèche et petite, sans que les peuples soient plus heureux. »

Avant la fin du siècle, il a pourtant paru cet homme dont la force sait détruire, et dont la sagesse sait fonder ! Les grands événements dont il est le moteur, le centre et l’objet, semblent si peu conformes aux combinaisons vulgaires, qu’on ne devrait point s’étonner que des imaginations fortement religieuses crussent le semblables desseins dirigés par des conseils supérieurs à ceux des hommes.

Plutarque, dans un de ses traités philosophiques examine si la fortune ou la vertu firent l’élévation d’Alexandre ; et voici, à peu près, comme il raisonne et décide la question[1].

« J’aperçois, dit-il, un jeune homme qui exécute les plus grandes choses par un instinct irrésistible, et toutefois avec une raison suivie. Il a soumis, à l’âge de trente ans, les peuples les plus belliqueux de l’Europe et de l’Asie. Ses lois le font aimer de ceux qu’ont subjugués ses armes. Je conclus qu’un bonheur aussi constant n’est point l’effet de cette puissance aveugle et capricieuse qu’on appelle la Fortune. Alexandre dut ses succès à son génie et à la faveur signalée des Dieux. Ou, si vous voulez, ajoute encore Plutarque, que la Fortune ait seule accumulé tant de gloire sur la tête d’un homme. alors je dirai, comme le poëte Aleman, que la Fortune est fille de la Providence. »

  1. Plutarque, Œuvres morales.