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ŒUVRES DE FONTANES.

sister maintenant à leurs solennités renouvelées. La religion, dont la majesté s’est accrue par ses souffrances, revient d’un long exil dans ses sanctuaires déserts. au milieu de la victoire et de la paix dont elle aller mit l’ouvrage. Toutes les consolations l’accompagnent, les haines et les douleurs s’apaisent à sa présence. Les vœux qu’elle formait depuis douze cents ans pour la prospérité de cet empire, seront encore entendus, et son autorité confirmera les nouvelles grandeurs de la France, au nom du Dieu qui, chez toutes les nations, est le premier auteur de tout pouvoir, le plus sûr appui de la morale, et par conséquent le seul gage de la félicité publique.

Parmi tant de spectacles extraordinaires qui ont, depuis quelques années, épuisé la surprise et l’admiration, il n’en est point d’aussi grand que ce dernier. La tâche du vainqueur était achevée ; on attendait encore l’œuvre du législateur. Tous les yeux étaient éblouis, tous les cœurs n’étaient pas rassurés ; mais, grâce à la pacification des troubles religieux qui va ramener la confiance universelle, le législateur et le vainqueur brillent aujourd’hui du même éclat.

Ainsi donc l’historien Raynal avait grand tort de s’écrier, il y a moins de trente ans, d’un ton si prophétique : « Il est passé le temps de la fondation, de la destruction et du renouvellement des empires ! Il ne se trouvera plus l’homme devant qui la terre se taisait ! On combat aujourd’hui avec la foudre pour la prise de quelques villes ; on combattait autrefois avec l’épée pour détruire et fonder des royaumes. L’histoire des peuples mo-