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DE LA LITTÉRATURE.

de la faveur et de la renommée. Tout le monde enfin aime la mélancolie ; car elle n’est jamais bruyante, amère et chagrine, mais toujours paisible, douce et touchante.

On examinera, d’après cette définition, dans les numéros suivants, tout ce que madame de Staël appelle mélancolique.

Malgré toutes ces observations qui ne sont que trop justes, il faut convenir que plusieurs chapitres méritent des éloges, entre autres ceux sur le christianisme et sur l’invasion des peuples du Nord. On indique d’avance les parties louables, pour se dédommager des critiques qu’exigent le goût et la raison, mais qu’on ne voit tomber qu’à regret sur le livre d’une femme célèbre et si recommandable à tant d’égards.


SECOND EXTRAIT.


Les bons critiques, dans tous les temps, ont voulu rappeler leurs contemporains à l’imitation de l’antiquité. C’est en respectant ses leçons qu’ils prouvent le mieux la vérité de celles qu’ils nous donnent. Les plus grands génies modernes ont regardé les anciens comme leurs maîtres. Un préjugé défavorable s’élève toujours contre les écrivains qui n’accordent pas la même admiration à ces monuments augustes, devant qui se sont prosternés tous les siècles et tous les talents. Si, au lieu de se passionner pour ces chefs-d’œuvre admirés d’âge en âge, on veut affaiblir l’enthou-