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DE LA LITTÉRATURE.

lait philosophes, comme Léon[1]. Ils avaient enfin l’usage de quelques arts que nous avons perdus[2], et qui supposent une industrie perfectionnée. Eh bien ! ces peuples qui se croyaient si éclairés, furent la proie des hordes du Nord ; et les plus grands ennemis de toutes les lumières, les descendants de Mahomet, sont venus répandre les ténèbres de l’ignorance sur ces mêmes contrées que les sciences et les arts avaient remplies de tant de merveilles. Quel philosophe connait la cause à laquelle tient la destinée de nos arts et de nos sciences ? Si une race de grands hommes ne s’était pas élevée dans le palais des rois fainéants, les Sarrasins, s’établissant au-delà des Pyrénées, n’auraient-ils pas détruit toutes les connaissances humaines, dans les parties de l’Europe où elles sont aujourd’hui le plus répandues ? Si le génie de la France n’avait point ramené des bords du Nil le héros qui doit la sauver, dans quelle barbarie l’aurait replongée le gouvernement abattu ! Que de faits semblables s’offrent en lisant l’histoire, et que de conséquences on peut en tirer contre ces progrès nécessaires de l’esprit humain, qui a suspendu sa marche, et qui a même rétrograde à tant d’époques différentes !

Il s’offre même ici une observation frappante. C’est que, toutes les fois qu’on voit le rêve de la perfection philosophique s’emparer des esprits, et pro-

  1. Ce Léon a laissé un ouvrage sur la tactique, fort estimé, et traduit en français il y a trente ans.
  2. Le feu grégeois.