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DE LA LITTÉRATURE


CONSIDÉRÉE DANS SES RAPPORTS AVEC LES INSTITUTIONS SOCIALES.


PAR Mme  DE STAËL-HOLSTEIN[1].


(Mercure de France, 1800)


PREMIER EXTRAIT.


La littérature, quand elle est cultivée par des femmes, devrait toujours prendre un caractère aimable et doux comme elles. Il semble que leurs succès dans les arts, ainsi que leur bonheur dans la vie domestique, dépendent de leur respect pour certaines convenances. On veut, et c’est un hommage de plus qu’on rend à leur sexe, on veut en retrouver tout le charme dans leurs écrits, comme dans leurs traits et dans leurs discours. À ce prix, leur gloire est assurée si elles montrent quelque talent ; et même, après une tentative malheureuse, l’indulgence publique les excuse et les protége. Mais quand une femme parait sur un théâtre qui n’est pas le sien, les spectateurs. choqués de ce contraste, jugent avec sévérité celle-là même qu’ils auraient environnée de faveur et d’hommages, si elle n’avait point changé sa place et sa des-

  1. Si la fille de M. de Fontanes n’avait consulté que son sentiment particulier, cette réfutation n’eût point été reproduite dans les œuvres de son père. Ne pouvant retirer ce qui est acquis au public, elle a désiré y joindre du moins, dans cette note, une expression d’admiration personnelle envers une mémoire que le temps et la mort semblent de plus en plus consacrer.