Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/153

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
150
ŒUVRES DE FONTANES.

flottes royales qui volaient à la défense des républicains de l’Amérique.

Ô temps des plus douces espérances ! ô souvenirs de notre première jeunesse ! Avec quelle inquiétude nous interrogions alors tous les navigateurs qui arrivaient des ports de Charles-Town et de Boston ! Comme nous plaignions les revers de ces braves milices américaines que leurs désastres, leurs fatigués et leurs besoins ne découragèrent jamais ! Comme tous nos vœux s’associièrent aux premiers triomphes de Washington ! Le sage négociateur qui l’aida dans une si noble cause, Franklin ne fut-il pas environné de nos hommages, quand il vint montrer à Paris, et jusque dans Versailles, la noble simplicité des mœurs républicaines ? Il habita sur les rives du fleuve voisin, en face des lieux où nous sommes réunis. Plusieurs d’entre vous ont vu, comme moi, la physionomie vénérable de ce vieillard, qui ressemblait l’ancien législateur des Scythes, voyageant dans Athènes. Les opinions du négociateur et du héros des treize États unis furent quelquefois opposées ; mais leurs volontés se rencontrèrent toujours, lorsqu’il fallut travailler au bien commun de la patrie. Leurs deux noms, qui furent si souvent confondus dans les mêmes éloges pendant leur vie, ne doivent point être séparés après leur mort. Si l’âme de Franklin revient errer sur ces bords qu’il a chéris longtemps, elle applaudit sans doute aux honneurs que Washington reçoit de nous.

C’est aux guerriers qui m’environnent, c’est à