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ŒUVRES DE FONTANES.

temporains, semble en effet affermie pour jamais. Washington la commença par l’énergie, et l’acheva par la modération. Il sut la maintenir en la dirigeant toujours vers la plus grande prospérité de son pays, et ce but est le seul puisse justifier au tribunal de l’avenir des entreprises aussi extraordinaires.

L’éloge de ce héros de l’Amérique, mériterait d’être prononcé par les bouches les plus éloquences. le songe, avec un sentiment mêlé d’admiration et de regrets, que ce temple, orné de tous les trophées de la valeur, s’éleva dans un siècle de génie, aussi fécond en grands écrivains qu’en illustres capitaines. Alors la mémoire des héros était confiée à des orateurs dont le génie donnait l’immortalité. Aujourd’hui la gloire militaire brille d’un plus vif éclat, et dans tous les pays la gloire des beaux-arts s’est presque éclipsée. Ma voix est trop faible sans doute pour se faire entendre au milieu d’une solennité si imposante, et si nouvelle pour moi. Mais du moins cette voix est pure, et, comme elle n’a jamais flatté aucune espèce de tyrannie, elle ne s’est pas rendue indigne de célébrer un moment l’héroïsme et la vertu.

D’ailleurs, cette cérémonie funèbre et guerrière porte d’avance au fond de tous les cœurs, et mieux que toutes les paroles, des émotions fortes et profondes. Le deuil que le premier Consul ordonne pour Washington, annonce à la France, que les exemples qu’donna ne sont point perdus. C’est moins pour le général illustre, que pour le bienfaiteur et l’ami d’un grand peuple, que des crêpes funèbres