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ÉLOGE FUNÈBRE

DE WASHINGTON,


PRONONCÉ DANS LE TEMPLE DE MARS


(HÔTEL DES INVALIDES)


Le 20 pluviose an VIII (8 fèvrier 1800).


La France, qui fut toujours assez grande et assez généreuse pour accueillir sans crainte et sans jalousie les vertus et la gloire étrangères, décerne un hommage public aux mânes de Washington. Elle acquitte en ce moment la dette des deux mondes. Nul gouvernement, quelle que soit sa forme et son opinion. ne peut refuser du respect à ce fondateur de la liberté. Le peuple, qui naguère appelait Washington rebelle, juge lui-même l’affranchissement de l’Amérique comme un de ces événements consacrés par le suffrage des siècles et de l’histoire. Tel est le privilège des grands caractères. Ils semblent si peu appartenir aux âges modernes, qu’ils impriment, dès leur vivant même, je ne sais quoi d’auguste et d’antique à tout ce qu’ils osent exécuter. Leur ouvrage, à peine achevé, s’attire déjà cette vénération qu’on n’accorde volontiers qu’aux seuls ouvrages du temps. La révolution américaine dont nous sommes les con-