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ŒUVRES DE FONTANES.

fait sa gloire, abandonnait les affaires du ministre à des subalternes intrigants, qui cachaient sous son nom tous leurs brigandages. En effet, Bacon, accusé de tant d’exactions, est mon dans la plus extrême indigence. D’ailleurs, on sait que ce grand homme était secrètement favorable à la religion catholique ; ce motif a dû le rendre odieux aux fanatiques partisans de la réforme.

On peut consulter là-dessus un très bon ouvrage, intitulé : du Christianisme de Bacon. Cet ouvrage est de M. l’abbé Émery ancien supérieur du séminaire de Saint-Sulpice.

Il serait à souhaiter que les auteurs de l’Encyclopédie, en s’appuyant sur l’autorité de Bacon, eussent montré la même sagesse que lui. Le dénombrement, la classification des connaissances humaines, est une idée première qu’ils doivent au philosophe anglais. C’est d’après cette idée fondamentale que M. d’Alembert a tracé le plan du discours préliminaire de l’Encyclopédie ; mais l’auteur se la rend propre en la développant. Ce discours est justement célèbre ; on y voit un esprit, aussi étendu que sage, disposer sans confusion toutes les richesses de son sujet, et donner a chaque partie sa couleur propre et le ton convenable. M. d’Alembert jette sur les sciences cette heureuse clarté, premier ornement de la pensée ; son style pur, élégant et noble, s’anime, quand il le faut, avec les objets, mais en conservant toujours cette dignité tranquille, cette élévation simple, qui conviennent à l’écrivain philosophe.

Est-ce un nom qu’il te faut ? vois celui de Cromwell
À l’immortalité condamné par le Ciel.


Cette expression, damn’d to everlasting fame, est très belle ; on l’a souvent imitée. M. de Marmontel l’a très bien rendue en parlant des mauvais princes :

Un vengeur les condamne à l’immortalité :
Ce vengeur est l’histoire, etc.