charme qu’on attendait. La partie qui doit réunir le plus de suffrages est le désert. Il est bien étrange pourtant qu’on ait placé à l’entrée la butte d’un charbonnier, avec cette inscription : Le charbonnier est maître chez lui. Quoique ces mots puissent faire allusion à des anecdotes inutiles à notre sujet, il est certain qu’ils ne devaient pas être gravés devant l’asile du recueillement et de la méditation. Par quelle raison encore a-t-on placé une vigne dans un autre endroit ? Assurément elle ne réussira jamais dans le terrain humide et marécageux d’Ermenonville. Ne doit-on pas avant tout approprier les cultures aux différences du sol, et surtout quand on s’applaudit de ne rien forcer ? Il y aurait bien d’autres observations à faire : mais il est temps de finir ces critiques, qu’il sera plus aisé de blâmer que de réfuter.
Au moment où l’on termine cette note, on apprend que le débordement des eaux vient de produire des dégâts considérables dans Ermenonville. La plus grande partie des canaux qui communiquent à ce bel étang du désert, est, dit-on, fort endommagée. Les réparations exigent des frais considérables. On voit par là qu’il ne faut pas moins d’efforts et de moyens pour chercher la simplicité dans les jardins modernes, que pour montrer l’art dans ceux qui environnaient les anciens châteaux. Enfin, comme on l’a dit en commençant,
Cette simplicité n’est qu’un luxe de plus.
Au reste, l’opinion que j’ai osé énoncer sur Ermenonville est très indépendante du respect que mérite le propriétaire. C’est le genre et non pas son goût qu’il faut accuser. Le mérite personnel de M. de Girardin[1], et l’hospitalité qu’il a donnée si noblement à un grand homme pendant sa vie et après sa mort, doivent le rendre cher à tous
- ↑ Fontanes écrivait Gérardin, et le nom sous cette forme se trouve au chant troisième de la Maison rustique, page 254.