et plaintive, faite à certaine heure, à demi voix, produira toujours son effet, émouvra encore et finira par mêler vos pleurs à ceux du poëte :
Cloître sombre, où l’amour est proscrit par le Ciel,
Où l’instinct le plus cher est le plus criminel,
Déjà, déjà ton deuil plait moins à ma pensée !
L’imagination, vers Les murs élancée,
Chercha leur saint repos, leur long recueillement ;
Mais mon âme a besoin d’un plus doux sentiment.
Ces devoirs rigoureux tout trembler ma faiblesse.
Toutefois, quand le temps, qui détrompe sans cesse,
Pour moi des passions détruira les erreurs,
El leurs plaisirs trop courts souvent mêlés de pleurs ;
Quand mon cœur nourrira quelque peine secrète ;
Dans cs moments plus doux, et si chers au poëte,
Où fatigué du monde, il veut, libre du moins,
Et jouir de lui-même, et rêver sans témoins ;
Alors je reviendrai, Solitude tranquille,
Oublier dans ton sein les ennuis de la ville,
Et retrouver encor, sous ces lambris déserts,
Les mêmes sentiments retracés dans ces vers.
De tels vers, pour la couleur mélancolique à la fois et transparente, étaient dignes contemporains des belles pages des Études de la Nature.
Le Jour des Morts offre plus de composition que la Chartreuse ; c’est moins une méditation, une rêverie, et davantage un tableau. Il dut plaire plus vivement peut-être aux contemporains ; il a plus passé aujourd’hui. Le xviiie siècle y a jeté de ses couleurs de convention. Ce curé de village, rustique Fénelon, qu’on n’ose pas appeler curé, et qui n’est que pasteur, mortel respecté, homme sacré, ce prêtre ami des lois et zélé sans abus, qui n’ose faire parler la colère céleste contre le mal, et qui ne sait qu’adoucir la tristesse par l’espérance, est un de ces chrétiens comme on aimait à se les figurer à la date de la Chaumière indienne. On se demande si le poëte partage absolument l’esprit du spectacle qu’il nous retrace avec