C’en est fait, il triomphe. Accourez dans ces lieux,
Où nos pères jadis ont aimé vos aïeux.
Disciples de Calvin, familles fugitives
Qu’une loi tyrannique éloigna de nos rives.
Sous la garde des Lois et sous l’ombre des Lis,
Vos filles sans effroi s’uniront à nos fils.
Vous naîtrez citoyens, et vos cendres vengées,
Par le Trône et l’Autel dormiront protégées.
Espérez plus encore ; à vos yeux satisfaits,
Le temps, n’en doutez point, promet d’autres bienfaits
On guérit lentement des malheurs trop rapides.
Mais, quand on adoucit les ordres homicides,
Qui de ce grand Louis dépeuplaient les États,
Pardonnez à son ombre, et ne l’outragez pas.
Son Siècle l’a trompé : qu’on le plaigne et l’honore.
Dans ce Palais des Arts où son nom règne encore,
Quelle jalouse main éteindrait aujourd’hui
L’encens toujours nouveau qu’on y brûle pour lui ?
Des Muses, soixante ans, il reçut les caresses,
Et l’éclat de leur gloire a couvert ses faiblesses.
Tout l’excuse en effet : quand ce roi trop flatté
Vit la Mort près de lui guider la Vérité,
Quand il se reprocha les cris de ses victimes,
Des prêtres, condamnant ses remords légitimes,
S’efforçaient d’endurcir, au nom d’un Dieu vengeur,
La tendre humanité qui parlait à son cœur.
Ah ! s’il avait vécu dans des jours de lumière,
S’il pouvait tout à coup, ranimant sa poussière,
De sa présence auguste étonner les humains.
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POÉSIES DIVERSES.