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ŒUVRES DE FONTANES.

Ces prisons, ces bûchers, ces pieux échafauds,
Le Dieu de paix servi par la main des bourreaux,
Le prêtre encourageant le soldat sanguinaire,
Les enfants pour jamais arrachés à leur mère,
Des femmes, des vieillards immolés sans remord,
Et contraints de choisir le mensonge ou la mort ;
Enfin l’Édit fatal que dicta l’Ignorance,
Cent mille citoyens rejetés par la France,
Et jusqu”au fond du Nord emportant avec eux,
Des arts nés pour fleurir sur un sol plus heureux ?
Leur foule croît sans cesse, et de larmes baignée
Implore des vengeurs dans l’Europe indignée.
Leurs cris sont entendus : la fortune a changé.
De jours, et de revers, et d’ennuis surchargé.
Louis vaincu, Louis, que le malheur éclaire,
Triste, et privé d’enfants dans sa cour solitaire
De son front glorieux voit pâlir la splendeur.
Déjà vingt nations qu’offensait sa grandeur,
Des Français exilés soudoyant l’industrie,
Ont conquis les trésors qu’a perdus ma patrie.
Voyez à nos erreurs l’Angleterre applaudir.
Voyez-y le commerce habile à s’agrandir,
Et dès lors s’accroissant de nos pertes fécondes,
Régner avec orgueil sur les mers des deux mondes.

 Mais c’est trop retracer ces revers éclatants,
Aux ministres du Ciel reprochés si longtemps.
Sainte Religion, toi qu’honore un vrai sage,
Je ne viens point noircir ta vénérable image.
Non, je n’impute point, en de coupables vers.