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POÉSIES DIVERSES.


DISCOURS

SUR

L’ÉDIT EN FAVEUR DES NON CATHOLIQUES,


Pièce qui a remporté le prix au jugement de l’académie Française,
en 1789[1].



Que chacun dans sa loi cherche en paix la lumière,
Mais la loi de l’État est toujours la première.
Voltaire.


Lorsque du haut du trône une voix paternelle
Console ces Français qu’a proscrits un faux zèle,
Au rang de citoyen leur donne un droit nouveau,
Protège leur hymen, leur tombe, et leur berceau ;
Moi, né d’aïeux errants, qui, dans le dernier âge,
Du fanatisme aveugle ont éprouvé la rage,
Puis-je ne pas chanter cet Édit immortel
Qui venge la Raison, sans offenser l’Autel ?
Hélas ! quand nous vivons sous des lois plus humaines,
Faut-il redire encor les meurtres des Cévennes ?

  1. Fontanes, en concourant pour ce prix, n’avait dit son secret à personne : aucun académicien n’était dans sa confidence. Il avait adressé à l’Académie son ouvrage sans nom : on le couronna par acclamation. La Harpe se douta que les vers étaient de lui ; et il lui envoya Mme La Harpe. Elle lui dit l’épigraphe du discours couronné, et Fontanes se reconnut. La Harpe le nomme à l’Académie le jeudi suivant. Dans la séance publique, la lecture du Discours eut grand succès, comme on peut le voir dans Grimm.