« Sur les montagnes de mes pères,
« Il est des plantes salutaires
« Par qui sont guéris les héros. »
Ainsi parle Fingal ; et, sur un tronc sauvage,
Cathmor, se soutenant d’un bras mal affermi,
Répond : « Noble Fingal, je cède à ton courage ;
« J’ai vécu, c’en est fait, et je meurs ton ami.
« Fais porter ma dépouille aux lieux qui m’ont vu naître,
« Dans les vallons d’Altha, toujours chers à mon cœur ;
« Là, non loin du palais qu’habitait ma valeur,
« On trouve une grotte champêtre
« Où je venais souvent respirer la fraîcheur.
« Combien j’étais heureux, quand l’écho favorable
« M’y portait le doux bruit des pas du voyageur
« Qui venait s’asseoir à ma table !
« Là je veux reposer à mon dernier moment,
« Et du milieu des airs je viendrai doucement
« Errer sous cette grotte aimable,
« Autour de mon froid monument. »
Il expire à ces mots. Fingal s’attriste et pleure :
« Le brave, hélas ! vient de tomber,
« Dit-il ; gloire à son nom dans la sombre demeure !
« Tout passe, et je vois venir l’heure
« Où je dois aussi succomber.
« Ma main, si longtemps indomptée,
« S’affaiblit sous le poids des ans injurieux.
« Prends ma lance, ô mon fils ! la lance redoutée
« Que nos pères jadis ont fait craindre en cent lieux ;
« Soutiens-en tout l’honneur : tant que je l’ai portée,
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POÉSIES DIVERSES.