Événements passés, que les temps engloutissent,
Renaissez à mon souvenir !
À mon oreille encor les armes retentissent ;
J’ai ressaisi ma lance, et je crois rajeunir.
Les piques étincelantes
Rayonnent comme l’éclair,
La flèche aux ailes sanglantes
Siffle et s’échappe dans l’air.
Bientôt les rangs se confondent,
Les coups pressés se répondent.
Et le fer croise le fer.
Des torrents de Léna la vague mugissante
Séparait notre camp et celui de Cathmor.
Fingal vole, et franchit la barrière impuissante
Qu’elle opposait à son essor.
Il élève sa voix, et son rival s’élance.
De ces deux grands héros, qui dira la vaillance ?
La nuit, sur les deux camps voilés à mon regard,
Jetait ses ombres taciturnes ;
Et les soldats tremblants se tenaient à l’écart,
Comme s’ils avaient vu deux fantômes nocturnes
Combattre au milieu du brouillard.
Mais tout à coup Fingal s’arrête :
« Qu’as-tu, brave Cathmor ? ton bras s’est ralenti ;
« Terminons ce combat, viens t’asseoir à ma fête :
« Ton grand nom dans ma cour a souvent retenti ;
« La gloire et la vertu n’y sont point étrangères.
« Ton sang coule ! Ah ! permets que j’étanche ses flots ;
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ŒUVRES DE FONTANES.