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POÉSIES DIVERSES.

C’est au peintre touchant des pleurs de Mélanie,
À consolé encor la Tragédie en deuil,
Qui gémit sur Voltaire en cherchant son cercueil ;
Soutenez tous les deux sa gloire héréditaire.
Elle tourne ses pas vers le toit solitaire,
Où, plein des morts fameux, tu veilles dans la nuit ;
Elle t’y trouve seul méditant loin du bruit,
Entre Œdipe et Léar : et ton cœur digne d’elle
S’ouvre à l’enthousiasme et reçoit l’Immortelle,
Poursuis : du bel esprit dédaigne les clameurs ;
Ton génie honoré, que protègent tes mœurs,
A pris, sans le savoir, son touchant caractère
À côté de ta fille, à côté de ta mère.
Tu peignais Antigone, elle était sous tes yeux.
Trop heureux l’écrivain qui, comme ses aïeux,
Libre, et dans le secret d’une famille aimée,
Qu’honore sa vertu plus que sa renommée,
Peut dérober sa gloire à l’œil de ses rivaux,
Et lorsque le succès couronna ses travaux,
À sa tendre famille, où l’amour le rappelle,
Reporte ses honneurs qu’il partage avec elle !
Voilà la récompense, et dans tes doux loisirs
L’amitié de Thomas double encor tes plaisirs.
Tu rejoins dans les champs, dès la saison nouvelle
Ce sublime orateur qui peignit Marc-Aurèle,
L’Éloquence avant lui, déshonorant sa voix,
Vint mentir devant Dieu sur la tombe des Rois ;
Il rendit ses accents plus libres, plus austères ;
Et loin des vains partis, loin des sectes contraires,
Simple, il s’avance en paix vers la postérité,