« J’affaiblis en secret tes ressorts languissants ;
« La vie avec lenteur s’éloigne de tes sens ;
« Et par degrés enfin ma prudence attentive
« Relâche tous les nœuds de ton âme captive.
« Insensé ! vainement tu demandes des jours :
« Dans un cercle uniforme ils reviennent toujours.
« Un an fuit : les saisons l’une à l’autre enchaînées,
« De leurs mêmes couleurs reparaissent ornées.
« Pour commencer encor, chaque âge doit finir.
« Déjà, dans le passé, je t’ai peint l’avenir.
« Viens donc, et dans mes flancs hâte-toi de descendre !
« Je vieillis comme toi : je renais de ta cendre.
« Viens, ne crains point, je t’aime, et de tous mes bienfaits
« Le dernier est la mort qui t’apporte la paix. »
Oui, la Nature est juste, et sa voit maternelle
A droit de gourmander ta faiblesse rebelle,
Homme ! veux-tu, réponds, que le fleuve des jours,
Immobile s’arrête, ou rebrousse son cours ?
La race qui s’éteint d’une race est suivie :
Ici pleure un vieillard qu’abandonne la vie ;
Là sourit un enfant qui folâtre au berceau ;
Ainsi du tronc mourant sort un faible rameau.
Tu te plains, malheureux, dont la vie insensée
Est depuis ta naissance une mort commencée !
Henri, dont les vertus charmèrent nos aïeux,
Newton qui nous transmit les annales des Cieux.
Ont payé comme toi ce tribut nécessaire ;
Un jour nous gémirons au tombeau de Voltaire.
Lâche, accomplis la loi de la nécessité ;
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POÉSIES DIVERSES.